Quand on imagine l’arboriculture fruitière en Andalousie et en Espagne de manière générale, cela n’est pas réjouissant. On pense « business », « mer de plastique » et « production intensive ». Lors de mes dernières vacances, dans le sud de l’Espagne, j’ai voulu constater par moi-même ce qui se cache derrière cette vision plutôt négative et essayer de voir ce qu’il en était vraiment…
Effectivement, au premier regard, on trouve, aux abords des autoroutes, des plantations d’agrumes ou d’oliviers d’une taille absolument gigantesque. Mais il suffit de pousser un peu plus loin…
C’est notamment aux abords des villages qu’on retrouve des vergers familiaux à taille humaine. Et là, la magie opère. Les arbres que nous maintenons en pot en Alsace sont ici les arbres qui peuplent les vergers. Les citronniers, orangers, figuiers, clémentiniers, mandariniers, palmiers dattiers cohabitent avec les oliviers et autres figuiers de barbarie. Les rares herbes folles ne sont pas nécessairement éliminées de manières chimique, mais simplement par le manque d’eau. Il faut savoir qu’il ne pleut pratiquement pas, en été, dans la région de Séville et que les températures atteignent plus de 40°.

C’est d’ailleurs une des premières questions qui m’est venue à l’esprit. Comment font ils, notamment au cœur de l’été, avec les agrumes qui ne supportent pas forcement la sècheresse. Les oliviers sont plus rustiques, mais demandent également de l’eau, surtout les premières années. Et bien la réponse est toute simple. De longs tuyaux courent aux pieds des arbres et un système de goutte à goutte est installé à chaque pied. Ces systèmes d’irrigations sont mis en route tard le soir afin d’éviter l’évaporation. Simple, efficace et surtout économe en eau…

Si l’Espagne est le premier producteur au monde d’olives et d’huile l’olive avec plus de 300 millions d’arbres, l’Andalousie en est l’épicentre. Je connaissais la beauté incroyable du bois d’olivier ou encore l’extrême longévité de ces arbres. Cependant, venant d’Alsace, l’olivier restait pour moi un arbre principalement décoratif que l’on cultive en pot. Pour l’anecdote, certains oliviers, vivant et fructifiant encore aujourd’hui, ont plus de 3 000 ans. C’est-à-dire que le noyau de ces arbres a germé à l’âge de bronze, 200 ans avant la fondation de Rome… Cela laisse rêveur. Par conséquent, il me fallait absolument aller voir ces arbres en pleine terre et dans leur élément naturel.
Même s’il s’agit ici de sujets beaucoup plus jeunes, la silhouette caractéristique d’un olivier impose son côté vénérable. Son tronc à l’écorce noueuse, crevassée et rugueuse, porte des branches charpentières aux formes souvent très torturées. C’est de toute beauté. C’est seulement ensuite, en s’attardant sur le feuillage d’un vert bleuté que l’on va apercevoir les précieuses olives, encore vertes à cette époque.
Un détail amusant sur les vergers familiaux andalous concerne leur protection. Ici nul besoin de clôtures imposantes et de fils barbelés. En plus de produire des fruits délicieux, les figuiers de barbarie offrent une protection parfaite à laquelle on n’a nulle envie de se frotter.
Pour finir je voulais encore évoquer une idée toute simple, mais absolument fabuleuse que j’ai pu observer dans les villes. La majorité des rues sont arborées. Cela les rend certes très agréables, car pratiquement toujours ombragées. Mais l’idée géniale est surtout qu’elles sont arborées avec des arbres fruitiers comme des orangers ou des citronniers qui permettent certainement d’agréables cueillettes pour les habitants. De plus, j’imagine assez facilement les enfants qui en rentrant de l’école font la courte échelle pour chaparder leur goûter.
A l’heure où toutes les ressources que la planète peut produire et renouveler dans une année sont consommées début août, ne pourrait-on pas s’inspirer de cette idée et amener des pommiers ou autres poiriers rustiques dans nos villes alsaciennes ??
Des variétés anciennes et résistantes, avec un porte greffe et une taille adaptée pourrait certainement permettre de tenter l’expérience…