Dans la région, l’année 2018 a été exceptionnelle pour la production de noix. Il se posa rapidement la question de la transformation. Effectivement, après s’être adonné à la réalisation de Bredeles de Noël, de noix grillées caramélisées et autres desserts sucrés (…et avoir revu notre IMC à la hausse), on se dit rapidement qu’on ne pourra pas écouler tout le stock de cette manière et qu’il faut trouver autre chose. Pourquoi ne pas se lancer dans la fabrication d’huile de noix ?

Mais venons-en au fait. J’ai la chance d’avoir dans mon entourage, une personne qui a réalisé une presse à huile artisanale. Sous réserve de trouver quelqu’un pouvant tourner le piston, la réalisation de la presse est relativement aisée pour un bon soudeur. Je reviendrai un peu plus en détail sur la partie technique de la presse à la fin de l’article, avec quelques photos.
La première opération, avant la réalisation de l’huile de noix, consiste à décortiquer des noix bien sèches. Cela constitue sans aucun doute la partie la plus chronophage du processus. L’idéal est de conserver les noix entières, au sec, et de les décortiquer juste avant pressage, en fonction des besoins.
De mon côté j’ai eu la chance de pouvoir récupérer 4.5kg de cerneaux déjà décortiqués. Cependant, imaginant que cela ne se reproduira pas forcément tous les ans, je lance un appel : Si vous avez des modèles de casse noix originaux permettant de simplifier cette étape, n’hésitez pas à m’en faire part au moyen d’une petite photo. Je me ferai un plaisir de partager l’information. 🙂
La deuxième étape consiste à réduire les cerneaux en poudre avec un simple robot ménager. Nous allons ici utiliser environ 1.5 kg de cerneaux, pour obtenir un peu moins d’un litre d’huile. Il est d’ailleurs relativement amusant de constater que la poudre de noix, une fois broyée, est parfaitement sèche, alors qu’elle est constituée de plus de 60% d’huile.

Nous attaquons maintenant le vif du sujet. Les cerneaux sont placés dans deux épaisseurs de chiffons. Un simple « tube » réalisé à partir d’un sceau en plastique sert de gabarit afin de « préformer » les noix broyées au diamètre intérieur du tube de la presse.


Effectivement, avec plus de dix tonnes, la pression est telle, que sans les chiffons et une préparation homogène, la noix broyée serait projetée par les trous.
Il ne reste maintenant plus qu’à placer l’ensemble (sans le tube plastique ;)) dans la presse et à mettre sous pression. Les premiers 30 centilitres d’huile ne mettront qu’une vingtaine de minutes à couler. Il faudra ensuite attendre jusqu’à 48h pour recueillir le reste de l’huile, en actionnant régulièrement la presse.

Il est à noter que nous utilisons un processus de pression à froid. L’extraction pourrait être facilitée en chauffant légèrement les noix broyées. Cependant, cela aurait pour résultat un effet de torréfaction et changerait le goût de l’huile. Ici, nulle vérité absolue. Certains préfèrent le goût d’une pression à froid ou d’une huile avec des cerneaux torréfiés, d’autres encore ne torréfient qu’une partie des cerneaux. Bref, trêve de débat, on laissera à chacun le choix d’expérimenter et de réaliser, en toute impartialité et avec fierté, sa propre meilleure huile de noix du monde J
Après quelques secondes, le moment tant attendu

Il est à noter que l’huile de noix fraîchement pressée est légèrement laiteuse. Cela est simplement dû à de très fines bulles d’air qui restent emprisonnées lors de l’extraction. Le phénomène s’estompe après quelques heures.

D’une manière générale, comme tout ce qui a attrait à l’alimentaire, on veillera à protéger, au maximum, contre toutes contaminations extérieures (poussières etc…). Nous utilisons ici de simples essuie-tout et chiffons.

Je tenais également à vous montrer l’état des cerneaux broyés, après deux jours de ce traitement. De loin, cela donne l’impression d’un sablé, mais ne vous y méprenez pas, cela tient maintenant plus de la brique que du gâteau.

Pour finir et pour les plus bricoleurs d’entre vous, voici quelques photos sur les détails techniques de la presse. Il est difficile de donner les dimensions globales, car il faudra s’adapter à la taille du cric bouteille et au tube inox percé afin de construire autour.
Le piston et le cric bouteille :

Le socle, tourné en inox et le morceau de tube en cuivre permettant l’écoulement de l’huile :

Le tube inox, de 2 à 3mm d’épaisseur percé en divers endroits, toujours pour permettre l’écoulement de l’huile :

L’ensemble une fois monté. On note la structure en IPN soudée et détail important, la bague de centrage permettant au cric d’être parfaitement aligné et surtout de l’empêcher de glisser une fois mis sous pression.

Juste un complément, si Sébastien le veut bien : conserver l’huile au réfrigérateur et utiliser avant la récolte suivante, car le produit est “naturel”. Petit noix derrière chez moi et lon lon la lon lère …