Discussion avec Gaby Boehm, monitrice en arboriculture

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Gaby Boehm et je suis monitrice en arboriculture sur Niederbronn-les-Bains et ses environs. Ceci est à différencier du moniteur arboricole qui s’occupe de la production d’arbres, là où le moniteur en arboriculture s’occupe de la production de fruits.

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Comment en es-tu venue à pratiquer l’arboriculture. Quel a été le déclencheur ?

Depuis mon enfance, le verger de mes parents situé à Niederbronn-les-Bains, m’a toujours beaucoup intéressé. Ma profession m’a amenée à déménager, mais au fond j’ai toujours su que j’allais revenir un jour m’installer à Niederbronn-les-Bains avec comme objectif de reprendre le bien familial afin de pouvoir m’occuper de ce fameux verger.  A cette époque, j’habitais dans le centre de l’Alsace. C’est notamment lors des visites chez ma maman que je pouvais constater que différents intervenants faisaient un peu tout et n’importe quoi dans le verger et cela m’énervait beaucoup. En parallèle, mon travail d’éducatrice technique spécialisée devenait un peu pesant et je ressentais un besoin d’ouverture sur l’extérieur, afin de retrouver un certain équilibre.  L’idée de faire de l’arboriculture m’est alors apparue avec évidence.

Mon idée première était d’apprendre à greffer, car je trouvais magnifique de prendre une branche, de la déplacer ailleurs et de constater que cela pousse. J’ai donc commencé par un stage d’arboriculture de 5 jours, mais cela me paraissait un peu court pour saisir toutes les subtilités. C’est alors qu’on m’a proposé la formation longue de moniteur en arboriculture. Lors de mon inscription à la formation, je ne savais pas trop à quoi m’attendre et pour ainsi dire je savais à peine tenir un sécateur.  C’était une formation lourde à raison d’un samedi sur deux pendant deux ans. Il y a eu des hauts et des bas, mais quand on commence quelque chose, on va jusqu’au bout !  Durant ces deux années, j’ai surtout appris à être très humble dans ma pratique de l’arboriculture. Je pense que c’est principalement avec l’expérience et au travers des échanges avec les collègues qu’on peut s’accomplir en tant que moniteur. La suite s’est fait naturellement avec simplement une volonté de transmettre le savoir permettant de s’occuper et de maintenir les vergers traditionnels.

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D’après toi, y a-t-il encore des avantages à avoir un verger en 2017 ?

Oui, bien sûr !!! Un verger reste toujours un plaisir. Le plaisir de le construire. Le plaisir de le voir fleurir. Le plaisir de manger des fruits sains. Je vois d’ailleurs de plus en plus de mamans qui viennent aux cours de tailles et qui ensuite achètent des fruitiers afin que leurs enfants mangent des fruits sains. Pour l’anecdote j’ai d’ailleurs vu le changement entre la période d’après-guerre où il fallait produire massivement pour se nourrir et la période actuelle où on souhaite à nouveau manger plus sainement, tout en sachant d’où les choses proviennent.

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L’entretien d’un verger peut faire peur. Est-ce difficile ? Est-ce que cela prend beaucoup de temps ?

Cela dépend du nombre d’arbres, de la hauteur et de l’âge des arbres. Mais, par exemple, les mamans qui viennent me voir possèdent deux ou trois arbres, quelques framboisiers et des groseilliers. Cela permet finalement d’avoir des fruits de qualité pour toute la famille avec un investissement en temps relativement minime.

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Que pourrais-tu conseiller à quelqu’un qui voudrait se lancer,  mais qui ne dispose que d’un petit terrain ?

Il existe des petits arbres et même ce que l’on appelle des « colonnaires ». Il s’agit simplement d’une seule et unique tige verticale, sans branche. Pour résumer l’arbre fait cinq à sept centimètres de diamètre pour un peu plus de deux mètres de haut. Les fruits (par exemple des pommes) poussent directement sur le tronc. Trois mètres carrés de terrain suffisent à avoir cinq variétés de pommes différentes.

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Est-ce que tu as des conseils concernant les notions techniques, afin de ne pas se retrouver perdu face à son arbre ?

Des cours de taille sont organisés dans beaucoup de communes et sont généralement gratuits. L’approche la plus simple que je puisse conseiller, est vraiment d’assister à ces cours et à ne surtout pas hésiter à poser des questions aux moniteurs, ils sont là pour ça. Les cours permettent de vraiment se mettre dans le bain pour ensuite se lancer dans de bonnes conditions, sinon cela reste abstrait. Après ce n’est effectivement pas un cours de taille unique qui va permettre de tout apprendre. Mais, si on est intéressé, les notions de base s’acquièrent relativement facilement et rapidement.

 

Que penses-tu des différentes polémiques autour des produits phytosanitaires ? Est-ce qu’on peut s’en passer complètement dans un verger familial ?

 Personnellement, ce n’est pas mon truc et je me limite à l’utilisation de cuivre ou de purin d’ortie, de décoction de prêle ou encore de consoude. Il existe aujourd’hui beaucoup de produits que l’on peut fabriquer soi-même ou même acheter dans le commerce et qui ne sont pas chimiques. C’est une chance d’avoir un verger et je trouve qu’on est finalement déjà suffisamment empoisonné pour ne pas avoir à en ajouter encore plus. Après, moi, je ne vis pas de l’arboriculture et un fruit tordu, véreux ou taché ne me dérange pas. Finalement je préfère couper la partie abimée et manger le reste sachant qu’il n’y a aucun traitement chimique dessus. Un autre exemple concernant les pucerons. Lors d’une attaque, si vraiment cela dérange, on peut simplement couper la branche, même en été. Chose intéressante, j’ai également remarqué après avoir planté un arbuste « boule de neige » à proximité de mes arbres fruitiers que les pucerons préféraient aller sur cet arbuste et étaient par conséquent beaucoup moins présents sur mes fruitiers. Un deuxième avantage : Les pucerons canalisés sur cet arbuste attirent les prédateurs comme les coccinelles. Ces dernières ne viendraient probablement pas si tous les pucerons avaient été éliminés avec un traitement chimique. Ceci permet un équilibre naturel où tout le monde trouve son compte.

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Est-ce que tu as des arbres remarquables dont tu es particulièrement fière et pourquoi ?

 Pas particulièrement, ils sont tous remarquables et je les aime tous ! Néanmoins je possède un pommier assez rare et que l’on ne trouve pas dans les vergers conservatoires locaux. Il s’agit d’un pommier « Vaterapfel Ohne Kern ». Sa particularité est l’absence de pépins à l’intérieur des pommes.

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Quels sont tes projets pour 2017 en rapport avec l’arboriculture ?

 Mon projet en arboriculture pour 2017 est de passer la main à Yannick, fraîchement promus moniteur en arboriculture sur la région de Niederbronn-les-Bains. Ne rajeunissant pas, je suis très contente de savoir qu’il y a quelqu’un derrière et que les savoirs liés à l’arboriculture continueront à être transmis.

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Le mot de fin ?

 J’espère que les gens seront de plus en plus motivés pour planter des arbres, car c’est beaucoup de plaisir et on n’est jamais déçu. Chaque année est différente et on ne s’ennuie jamais. Par exemple : Lorsque j’interviens dans les écoles, j’aime parler d’un moment que j’affectionne particulièrement. Il s’agit de la levée de la dormance. C’est le moment charnière entre l’hiver et le printemps. Le moment où tout doucement l’arbre se réveille et où les bourgeons commencent à gonfler. C’est à ne pas manquer !

D’une manière générale,  j’aime beaucoup les interventions dans les écoles qui me permettent de montrer les choses simples de la nature. Un petit pêcher avec son noyau encore accroché aux racines ou encore simplement de la terre qui me permet de montrer et d’expliquer le rôle des vers de terre.

Pour finir sur une note humoristique, je voudrais quand même expliquer comment les arbres font des bébés. C’est une question amusante que j’ai l’habitude de poser aux enfants de maternelle devant les parents accompagnateurs stupéfaits. En fait, il faut un papa et une maman et … un grand câlin… Et pour une pomme ?? Et bien c’est pareil !! A ce moment, je montre aux enfants une fleur avec les étamines (le papa) et le pistil (la maman).  Les enfants me posent la question : Mais il manque encore le câlin ?? Effectivement, c’est là qu’intervient l’abeille. Sans abeille, pas de câlin et pas de pomme… 🙂

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