Enquête arboricole…

Il y a des rencontres au verger, dont on se passerait bien…

Dernièrement, lors de l’une de mes errances contemplatives matinales, j’étais plein d’admiration devant la magnifique floraison des pommiers pillars. J’observais également le travail des insectes pollinisateurs, déjà très actifs, alors que la rosée ne s’était même pas encore complètement évaporée. Et là, tout à coup, horreur !!! Un des pommiers était littéralement en train de se dessécher sur place. Les fleurs, les feuilles, toutes logées à la même enseigne. C’est précisément à cet instant que le mode contemplatif disparait complétement pour laisser place à un certain agacement. (… et que les premiers mots qui me passent par la tête n’ont plus aucun rapport avec la poésie, encore présente 10 secondes auparavant).

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L’arbre en question, alors que tous ses congénéres sont en fleurs…

 

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Il était … des fleurs et des feuilles.

 

Une fois la surprise passée, il faut comprendre ce qui se passe et démarrer l’enquête. Ne voyant rien de particulier au premier abord, j’imagine d’abord qu’un campagnol s’est attaqué aux racines. J’essaie donc de tirer légèrement sur l’arbre pour voir si son système racinaire est encore présent. C’est bien le cas. Quand un campagnol s’attaque à un arbre, il taille la partie souterraine comme un crayon et si l’arbre ne tombe pas de lui-même, il sort généralement du sol très facilement. Bref, ce n’est pas ça.

C’est justement en regardant le bas de l’arbre que je remarque un peu de sciure. A ce moment, j’avoue être toujours très dubitatif, mais je commence à soupçonner un insecte ou une chenille xylophage (mangeur de bois). C’est en y regardant vraiment de plus près que j’aperçois une multitude de petits points de sciure, de moins d’un millimètre de diamètre, qui constelle les branches et le tronc. Plus de doute, l’arbre est attaqué par un insecte. Toutefois, c’est la première fois que j’observe un tel phénomène sur un de mes arbres. Je décide donc de couper une des branches pour voir, plus précisément, de quoi il retourne.

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De la sciure ??
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La partie visible de l’attaque. Les petits points de sciure, sur le tronc

Le problème fut vite identifié. Une galerie, de forme annulaire, parcourt tout le pourtour de la branche sous l’écorce, empêchant ainsi la sève de continuer sa progression dans la branche. A l’extrémité de la galerie se trouve le coupable. Il s’agit d’un petit coléoptère, de couleur noir ou marron, d’environ deux à trois millimètre de long. C’est là qu’un des panneaux d’affichage présenté lors des cours d’arboriculture sur la reconnaissance des maladies et des ravageurs me revient en mémoire. C’est le fameux Bostryche ou encore Xylebore Disparate, en d’autres termes, certainement l’un des pires cauchemars de nos vergers.

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Un des insecte en question et son habitation sur le haut de la photo…
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En gros plan, de face
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Vu de dessus

Maintenant que le mal est identifié et sachant que le tronc de mon arbre est atteint, il ne reste malheureusement plus d’autre solution que de l’arracher et de le brûler. Il n’existe aucun traitement et il faut savoir que la femelle est capable de voler et donc d’attaquer potentiellement les arbres voisins. Si le tronc n’est pas attaqué, on peut bien entendu essayer de sauver l’arbre en coupant les branches infestées et en taillant sévèrement de manière à forcer la production de sève en quantité pour ainsi espérer qu’elle comble les galeries du Bostryche. J’avoue que pour un pillar, je préfère ne pas prendre de risque et opter pour la solution radicale.

D’une manière plus générale, il n’y pas lieu de paniquer car le Bostryche ne s’attaque normalement qu’à des arbres déjà affaiblis ou en fin de vie. Je m’étonne néanmoins, qu’il se soit attaqué à mon pillar âgé de seulement 6 ans. Etait-il malade et de toute manière voué à une mort proche ?? On ne le saura jamais, mais je préfère relativiser en me disant que la nature est bien faite.

Concernant le cycle de vie du Bostryche, tout commence entre mi-mars et fin avril quand la température atteint 20° le jour. C’est à ce moment que les femelles sortent en vue de l’accouplement. Elles vont ensuite percer le tronc ou les branches des arbres (généralement fruitiers) à de multiples endroits afin d’y pondre. Cela se produit en général au mois de mai et c’est à ce moment que les dégâts sont visibles et qu’il faut intervenir rapidement. Les œufs vont ensuite doucement évoluer en larve, puis en nymphe au courant du mois de juin. L’éclosion se produira durant les mois de juillet et d’août. Les Bostryches adultes resteront ensuite immobiles dans les galeries jusqu’à l’année suivante où le cycle reprendra.

Ceci étant, la nature n’aimant pas le vide et moi non plus, je n’ai pas tardé à trouver un remplaçant. J’ai profité d’un des derniers cours de greffage pour greffer un pommier belle fleur jaune, sur un porte greffe nanisant M9 (le porte greffe adapté aux pillars). La greffe ayant pris, il ne reste plus qu’à patienter (très peu, si on se base sur l’échelle de temps des arbres) pour que tout rentre dans l’ordre 🙂

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C’est encore modeste, mais la relève se porte bien 🙂
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