Faisant suite à l’article distillation moût de mirabelle il est maintenant temps de procéder à la finition du Schnaps de mirabelle après une période de maturation de 6 mois. La période de maturation correspond simplement au temps écoulé entre la distillation et la finition d’une eau de vie. Elle doit être de 6 mois minimum.

Pour rappel, l’eau de vie a été conservée durant cette période, à haut degré d’alcool, c’est-à-dire au degré obtenu à la sortie de l’alambic. On veille également à placer la bonbonne au grenier afin qu’elle puisse subir les amplitudes thermiques les plus élevées. Le froid va permettre de concentrer les arômes et le chaud va favoriser l’évaporation des éthers résiduels. Cette perte par évaporation correspond plus poétiquement à la fameuse « part des anges ».
Venons-en maintenant à la partie pratique. Le but est ici d’obtenir une eau de vie titrant 45% à partir de celle que nous avions stockée à haut degré d’alcool (entre 65 et 80%). Baisser le pourcentage d’alcool permet de révéler au mieux toutes les subtilités du bouquet aromatique.
Pour réduire le degré d’alcool, il faut simplement couper l’eau de vie avec… de l’eau. Mais attention pas n’importe quelle eau. Cette dernière devra avoir un taux de sels minéraux le plus bas possible (Cristalline, Evian…). La présence de sels minéraux (surtout calcium et magnésium) tend à rendre l’eau de vie trouble.
Attention : les opérations suivantes doivent s’effectuer à une température d’environ 20° Celsius sous peine de fausser les mesures…
Personnellement, afin de couper mon eau de vie, je verse le contenu de ma bombonne dans un grand vase en verre, qu’il conviendra au préalable de nettoyer parfaitement à l’eau claire. Je place ensuite, dans le vase, l’alcoomètre que je laisse flotter librement à la surface. L’alcoomètre est un appareil de mesure gradué permettant d’indiquer précisément le pourcentage d’alcool d’un liquide. Il fonctionne sur le principe d’Archimède (La densité de l’alcool est plus faible que celle de l’eau, par conséquent tout ajout d’eau aura pour conséquence d’augmenter la densité du mélange et de faire remonter, mécaniquement, l’alcoomètre).


Il convient maintenant d’ajouter doucement l’eau et de contrôler régulièrement le degré d’alcool jusqu’à atteindre un taux d’alcool de 50° Gay Lussac
Nous laissons ensuite le mélange reposer pendant 24h afin d’assurer une homogénéité parfaite. Durant cette phase, je place simplement un morceau de film étirable et une assiette sur le dessus du vase afin de protéger son contenu.
Au bout de 24h, nous allons ajouter très doucement de l’eau jusqu’à atteindre le taux d’alcool final, soit 45° Gay Lussac.
Pour l’anecdote, nos aïeux finissaient le Schnaps à 21° Cartier soit environ 56° Gay Lussac. Les habitudes étaient différentes et bien souvent, afin de favoriser la quantité, une partie des produits de tête et de queue issue de la distillation était incorporée. Il m’arrive, d’ailleurs, encore aujourd’hui, d’entendre que le Schnaps a une réputation de vulgaire alcool à brûler… Est-ce que ça vient de là ? C’est fort probable. Si jamais vous êtes restés sur cette impression négative, je vous encourage à goûter un produit réellement artisanal moderne (voir le réaliser vous même, il n’en sera que meilleur encore 🙂 ).
Il ne reste maintenant plus qu’à mettre en bouteille. Personnellement j’utilise des bouteilles de jus de fruits avec bouchon à visser.
Pour parfaire les choses et magnifier le bouquet aromatique, on pourra encore ajouter 0.5cl de sirop de canne par litre de Schnaps.
Il ne me reste maintenant plus qu’à vous souhaiter une bonne dégustation, avec la modération qu’impose les nombreuses heures de travail pour obtenir, artisanalement, un produit noble et de qualité !!

Belle démonstration; on suit, on comprend et on a envie de … goûter.
Sur la question du choix de l’eau minérale de dilution, pourquoi ne pas utiliser Celtic ?
Il me semble qu’elle est peu minéralisée.
A mirabelle de Niederbronn, eau de Niederbronn.
Verdeckel !
Merci Gérard,
Tu soulèves un point important concernant l’eau. Effectivement, je suis partisan de la solution la plus locale possible afin de limiter au maximum, l’impact sur l’environnement (quoi que dans ce domaine, les bouteilles en plastique soulèvent un autre débat). L’option “Celtic”, coulant de source, je me suis penché sur les étiquettes. La conclusion est sans appel, en dehors du taux de sodium très bas, nos amis du Haut-Rhin (Metzeral) affiche une composition minérale plus faible à tous les niveaux. Attention, je ne me porte nullement en juge quant à la qualité des différentes eaux, j’ai simplement porté mon choix sur l’option la plus locale et la moins risquée pour la finition du Schnaps. Il aurait été dommage de voir … un contenu de bouteille … trouble 🙂
Hoplà, je suis confirmé !
A la prochaine.
petite question j’ai ajouté de l’eau pour avoir une eau de vie a 43° avec du mont roucous et mon eau de vie et devenu trouble .y a t-il une solution pour y remédier
Bonjour Denis,
Il serait intéressant de trouver l’origine du problème, car beaucoup de choses peuvent entrer en ligne de compte. Une eau de vie de trouble révèle la présence de sels minéraux. Si l’eau utilisée n’est pas en cause il faudrait peut-être chercher du côté des contenants utilisés, voir même de la propreté de l’alambic (traces de calcaire ?).
Concernant l’eau de vie en question, je n’ai malheureusement pas connaissance d’une solution qui permettrait de résoudre le problème 🙁 Toutefois, si la problématique est uniquement visuelle, il est envisageable de “recycler” l’eau de vie pour des liqueurs (ou des cerises macérées). Le défaut visuel sera moins gênant pour ces préparations.
Bonne courage,
Sébastien
Si c’est trouble il suffit de filtrer avec un filtre à café!!!
Bonjour Claude, et merci pour ce retour d’information 🙂 Le commentaire est en ligne, en espérant que l’astuce pourra servir à ceux qui sont confrontés à ce problème.