Aujourd’hui, je vais effectuer la taille d’un pommier Granny Smith de 5 ans et conduit sous forme de pillar.
Le pommier Granny Smith, provient d’un semis de hasard et tient son nom d’une grand-mère australienne nommée Smith (Grand-mère se traduit Granny en anglais). Elle aurait, a priori, jeté un trognon de pomme dans un fossé et une des graines aurait donné naissance au fameux pommier. Comme quoi il peut être judicieux de rendre un trognon de pomme à la nature et laisser faire le hasard, plutôt que de le jeter à la poubelle…
Les pommes sont vertes avec éventuellement une légère teinte rosée sur le côté exposé au soleil. Du point de vue gustatif, les Granny Smith sont croquantes et très acidulées, mais finalement assez peu parfumées. Ceci en fait de bonnes « pommes à couteau ».
En Alsace, la principale difficulté provient de la maturité très tardive des pommes Granny Smith que l’on cueille généralement à la mi-novembre. Par conséquent, on devra veiller à exposer l’arbre favorablement au soleil, afin que les fruits puissent finir de mûrir, sous peine d’avoir des pommes au goût insipide.
La forme pillar est issue d’un greffage sur un porte greffe à faible vigueur. Elle sera donc particulièrement intéressante pour les jardins de faible superficie ou même les haies fruitières. Au final, l’arbre pillar aura environ 2 à 2.50 mètres de hauteur pour 1.5 mètres de circonférence au niveau des premières branches. Il est constitué d’une quinzaine de branches fruitières réparties sur toute la hauteur du tronc et commençant à la hauteur du genou. Enfin, toujours dans le but d’optimiser l’ensoleillement de la totalité de l’arbre, la forme générale d’un pillar doit rappeler celle d’un « sapin ».
Ce type de forme d’arbre est d’autant plus intéressant, qu’il donnera ses premiers fruits au bout de 3 années seulement. Par la suite, au bout de 6 ou 7 années, on peut espérer une récolte de pommes assez abondante de l’ordre de 15 à 25 kg suivant les variétés et les années.
Concernant la taille hivernale, mon Granny Smith est relativement délicat car il produit beaucoup de gourmands (tiges verticales) et de branches assez longues avec très peu de ramifications, ce qui ne facilite pas les choses.
Dans ce cas particulier et afin d’y voir un peu plus clair, je commence par supprimer toutes les pousses situées à la verticale de mes branches fruitières (sur le dessus comme les gourmands, mais aussi sur le dessous des branches fruitières).
Dans un deuxième temps, la science laisse place à une forme d’art, propre à chaque arboriculteur. Je vais personnellement supprimer les branches qui s’entrecroisent sur le plan horizontal.
En faisant cela, je vais également essayer de trouver des ramifications sur chaque branche dans le but de donner une forme de « sapin » à l’arbre. Je prends également soin de laisser en place, au maximum, les branches portant les bourgeons floraux (reconnaissables à leur forme ovoïde et duveteuse)
ATTENTION, chaque branche ou ramification doit se terminer par un bourgeon. Il est bien entendu interdit de couper une branche en plein milieu. Cela serait trop facile et qualifierait notre taille du sobriquet moqueur de « coupe coiffeur ».

Dans le cas de cet arbre j’ai également été obligé de supprimer une branche fruitière de plus gros diamètre car elle commençait à entrer en concurrence avec ses voisines. Pour ce faire je commence à entailler la branche par le bas afin d’éviter à l’écorce de s’arracher lors du dernier coup de scie. Je termine ensuite la coupe, de manière standard, par le dessus.
Le diamètre de cette branche étant supérieur à celui d’une pièce de deux Euros, je prends également soins de mastiquer la plaie de taille.
Pour finir je reprends la protection du tronc afin d’éviter tout frottement avec le piquet. L’ancienne ligature ayant décidé de casser après 5 années de service.
Voici l’aspect de l’arbre, une fois la taille terminée …
Du fait de la taille relativement importante, une réaction de l’arbre avec la production de nouvelles branches est très probable. Cela nécessitera par conséquent une surveillance particulière avec arrachage des futurs gourmands et la quasi-certitude d’une intervention sous la forme d’une taille d’été.
A suivre …
Tu as raison de déconseiller vertement la “coupe coiffeur” (l’expression est imagée et
fort pédagogique). “Coupe coiffeur” au verger, c’est vrai, c’est quoi ça ? A chacun son
boulot !
Joli travail et merci pour l’excellent reportage