Qu’ils soient contre la cloque du pêcher ou une autre maladie des arbres, les traitements préventifs représentent, pour moi, un sujet relativement délicat. Globalement, j’ai tendance à privilégier l’absence totale de traitement, encore plus s’ ils sont préventifs.

Je me souviens, une année, lors de mes débuts en arboriculture, avoir traité préventivement mes premiers pommiers contre la tavelure. Durant l’été, effectivement, je n’ai pas constaté la présence du fameux champignon sur mes pommiers. Cependant, à ma grande surprise, il n’était pas non plus présent sur les arbres voisins qui, eux, ne subissaient aucun traitement. Evidemment, après réflexion, nous avions vécu, l’année en question, un printemps sec qui n’est pas propice au développement de la tavelure… Bref, depuis ce jour, je plante des variétés de pommiers peu sensibles aux maladies et je les fais évoluer sans traitement. Aujourd’hui, la pire chose qui m’arrive est de devoir jouer un peu du couteau de poche pour sculpter et supprimer une galerie de carpocapse ou encore enlever partiellement, la peau d’une pomme atteinte par la tavelure. L’important est ici, non pas d’avoir un fruit esthétiquement parfait (une notion toute relative), mais de pouvoir consommer une pomme saine, directement dans le verger, sans avoir à se soucier de la laver afin de la débarrasser d’un quelconque produit potentiellement toxique.
Malheureusement, ce qui est vrai pour le pommier n’est pas forcément vrai pour le pêcher. La cloque du pêcher est une maladie fongique très virulente réapparaissant chaque année. Elle va induire des boursouflures rouges sur les feuilles, empêchant ainsi l’arbre de se nourrir par photosynthèse. Après quelques années, la cloque aura pour conséquences de condamner l’arbre.
Mais alors que pouvons-nous faire ? La première chose est d’accepter qu’au nord de la Loire, on ne pourra pas cultiver, facilement, les mêmes variétés de pêchers que dans le sud de la France. Pour l’amateur, je pense qu’il est sage d’oublier, les nectarines, pêches plates et autre brugnons et de nous rabattre sur des variétés comme la pêche des vignes. Ce pêcher a l’avantage d’avoir une floraison tardive, d’être très rustique et surtout peu sensible à la cloque. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de croiser des spécimens relativement âgés dans nos vergers alsaciens, ce qui est un signe positif quant à sa bonne adaptabilité à notre région.

Une faible sensibilité à la maladie n’est cependant pas synonyme d’absence totale de maladie et force est de constater, qu’aujourd’hui, la cloque sévit également sur les pêches de vigne. Aux dires de nos anciens, c’est un phénomène relativement récent et la cloque ne posait, apriori, pas de problème sur ces pêchers, il y a encore quelques dizaines d’années. En attendant de trouver mieux, le pêcher reste donc le seul fruitier où j’interviens de manière préventive. L’idée est ici de placer un traitement à base de cuivre, de type bouillie bordelaise, au bon moment.
Attention : Il ne faut pas oublier que la bouillie bordelaise est certes tolérée en agriculture biologique, mais reste toxique pour l’écosystème des sols, les vers de terre et, au printemps, pour les polinisateurs qui viendraient s’y frotter. A dose élevée, son inhalation est même toxique pour l’homme. Et comme si ce n’était pas assez, le cuivre n’est pas biodégradable et s’accumule dans le sol, augmentant encore sa toxicité. La bouillie bordelaise est d’ailleurs d’ores et déjà interdite dans certains pays de l’union européenne.
Concernant le traitement à proprement parler et afin d’assurer une efficacité maximum, il faut le pulvériser de préférence le soir et juste avant l’évolution des premiers bourgeons à bois (débourrement). Il faudra également veiller à ne pas insister, si la couleur bleue du traitement est visible sur l’arbre, c’est qu’il y en a déjà trop !!

Idéalement, il faudra renouveler l’opération après avoir mesuré un cumul de 20mm de pluie au pluviomètre. J’évite également de traiter juste avant une période de pluie prolongée car cela aurait pour effet de lessiver le traitement qui serait à renouveler seulement quelques jours plus tard.

Si on veut limiter l’utilisation du cuivre au strict minimum et sachant que le débourrement du pêcher peut avoir lieu entre janvier et avril, suivant que l’hiver soit rude ou non, il est capital de trouver le bon moment pour traiter. (trop tôt, c’est inutile, trop tard, c’est inefficace)
Une astuce consiste, ici, à repérer la floraison du noisetier, car cette dernière précède de quelques jours le débourrement du pêcher.

Le traitement devra ensuite être arrêté au moment de l’apparition des premières amorces de feuilles de pêcher, la bouille bordelaise ayant tendance à les brûler…
En toute logique, il ne sera nécessaire de traiter qu’une à deux fois, au maximum. Si malgré cela, quelques feuilles ou pousses sont atteintes par la cloque du pêcher, elles pourront facilement être supprimées avec un simple sécateur, puis brûlées. On veillera à ne surtout pas laisser les parties malades, au pied de l’arbre et à désinfecter, ensuite, le sécateur avec une flamme !!
D’une manière générale, il s’agit ici, d’un sujet qui me pose un réel cas de conscience. Pour rester en harmonie avec la nature, doit-on complétement oublier les pêchers en Alsace ou existe il des solutions ? J’ai par exemple entendu parler des coquilles d’œufs. Mais ne comprenant pas le mécanisme sous-jacent et son action sur la cloque du pêcher, je reste un peu dubitatif quant à son efficacité réelle.





Qu’en est-il de votre côté ??
Avez-vous des astuces ou connaissez-vous des variétés de pêchers qui permettent de s’affranchir complètement des traitements ??
Note : Je rajouterai des photos, au fur et à mesure de l’évolution du bourgeon.
Je vais me permettre de plaisanter :
ne peut-on pas faire de rapprochement entre la cloque et la coquille d’oeuf ?
Plaçons nous sur le plan symbolique : ” être en cloque ” et ” produire un oeuf “.
Ne sommes-nous pas dans le domaine de la reproduction ?
Peut-être que le pêcher, par lui-même, fait le rapprochement.
Peut-être que dans sa mémoire primitive, il associe ” coquille d’oeuf ” et garantie de reproduction
En effet, l’accrochage de coquilles d’oeuf dans le pêcher entraîne une sorte d’immunité
à l’égard de la cloque; chacun l’a constaté.
Nous n’avons pas l’explication, certes, pour le moment, mais qu’attendons nous pour effectuer les recherches ?
Et je ne voudrais pas non plus développer le thème de la concordance entre ” pêcher ”
et ” péché “.
Péché, la cloque, tout ça …
Faudrait voir …
Voila une hypothèse bien séduisante !! De plus est-ce que son voisin le pommier pourrait pousser au crime ?? C’est à se demander si, par curiosité, il ne faudrait pas laisser faire … de grandes histoires ont commencé comme cela 🙂